EN QUELQUES MOTS :
Quel scandale le 3 mars 1875, lors de la création de Carmen à l’Opéra‑Comique devant un public choqué par ce « dévergondage castillan » ! Georges Bizet mourra trois mois plus tard, sans se douter que sa partition deviendrait l’une des plus jouées au monde. Si le succès de l’œuvre est dû à ses mélodies inoubliables, il doit beaucoup au caractère affranchi de la célèbre cigarière. « Jamais Carmen ne cèdera, libre elle est née, libre elle mourra », lance l’héroïne à Don José à la fin de l’opéra. Cette irrépressible liberté, couplée à la nécessité de vivre toujours plus intensément sur le fil du rasoir, la mise en scène de Calixto Bieito en rend compte comme nulle autre. Du personnage de Mérimée, Carmen conserve chez Bieito les contours profondément ibériques et le tempérament brûlant de celle qui vit de petits trafics. Mais l’oiseau rebelle est foncièrement de notre époque. Vamp aguicheuse et insoumise, témoin de la brutalité masculine et sociétale, elle roule à grande vitesse, pressée d’exister.